Un jeudi sur deux, HandiSup Centre-Ouest, dans le cadre de son partenariat avec Radio Pulsar présente une chronique dans Le Morning Mood pour parler de handicap. Retrouvez sur notre site web les versions texte de ces chroniques.
Retrouvez la chronique du 16 novembre 2017 en podcast par ici.
16 novembre 2017 : Emploi et handicap psychique
Cette semaine a lieu la vingt-et-unième Semaine Européenne pour l’Emploi des Personnes Handicapées (SEEPH) dont le but est de mettre l’accent sur l’inclusion des personnes en situation de handicap dans le milieu de l’emploi.
Un taux de chômage deux fois supérieur à la moyenne
Selon les derniers chiffres communiqués par le ministère du travail en juillet 2017, le taux de chômage des personnes en situation de handicap s’élève à 19%, soit presque le double de la population active général. Cela représente près de 500 000 personnes.
Plusieurs mesures législatives ont été prises au cours des dernières décennies, comme l’obligation légale pour les entreprises de plus de 20 salariés d’employer des personnes en situation de handicap à hauteur de 6% de leurs effectifs. Mais malgré cela, l’insertion des personnes en situation de handicap, que cela soit dans le privé ou le public, n’est pas toujours une évidence pour les employeurs ou les personnes elles-même. Dans le privé, le taux d’emploi de personnes en situation de handicap s’élève à 3,6% et à 5,3% dans la fonction publique..
Le handicap psychique : des difficultés encore plus grandes devant l’emploi
Ces chiffres sont même différents selon les types de handicap, c’est le cas des personnes avec un handicap psychique.
La loi du 11 février 2005, s’appuyant sur la définition donnée par l’UNAFAM (association de famille et proches de personnes handicapées) donne cette définition:
Le handicap psychique est caractérisé par un déficit relationnel, des difficultés de concentration, une grande variabilité dans la possibilité d’utilisation des capacités alors que la personne garde des facultés intellectuelles normales.
Toujours selon l’UNAFAM : « le handicap psychique est différent du handicap mental. Le handicap mental résulte d’une déficience intellectuelle. » Ce n’est pas le cas des personnes avec un handicap psychique, puisque ce qui est concerné c’est la capacité (ou non) à utiliser leurs facultés intellectuelles (de concentration, de volonté, de communication…).
Dans le domaine de l’emploi, l’inclusion des personnes avec un handicap psychique semble être plus difficile. Une enquête de l’UNAFAM de 2016 révèle que moins d’une personne sur cinq avec un handicap psychique occupe un emploi. le taux d’emploi des personnes handicapées psychiques serait deux fois moins élevé que celui de l’ensemble des personnes handicapées.
Pourquoi l’inclusion professionnelles est-elle plus difficile pour ces personnes ? Pour plusieurs raisons.
Une inclusion rendue difficile
Tout d’abord, il faut savoir que le handicap psychique n’est reconnu aux côtés du handicap mental et du handicap physique que depuis 2005, ce qui a fait que la reconnaissance de ces personnes comme étant en situation de handicap n’est que très récente d’un point de vue législatif.
Ensuite, les troubles psychiques font parti des handicaps invisibles, sous représentés, peu connus et même très stigmatisés puisqu’ils s’apparentent à des troubles psychiatriques. Cela regroupe les troubles bipolaires, les troubles dépressifs graves, la schizophrhénie, les troubles obsessionnels compulsifs (TOC), les troubles borderline ou les sundrômes autistiques.
Comme le traduisent les différents témoignages que l’on peut lire ou entendre, ce sont des situations qui sont tout d’abord difficile à diagnostiquer, notamment à l’âge adulte.
Dans un article du journal La Croix du 13 Novembre, une jeune femme bipolaire explique que, si les premiers symptôme de son trouble sont apparus à l’adolescence, ce n’est que six ans plus tard qu’on a pu mettre un nom sur sa maladie.
Ces difficultés de diagnostiques ont pour conséquences une errance, qu’elle soit médicale, mais aussi professionnelle pour les personnes concernées. Au niveau pro, cela se traduit entre autre chose, par des trous sur le CV qu’il n’est pas toujours facile de justifier auprès d’un ou une employeure.
Sur le terrain de l’emploi, Eric Blanchet, directeur de l’ADAPT (une association pour l’inclusion sociale et professionnelles des personnes en situation de handicap) , interrogé par le journal La Croix, explique : « le handicap psychique nécessite un suivi, un véritable accompagnement, une fois que la personne a été embauchée. » Cela se traduit par des aménagements spécifiques au niveau du milieu du travail, ainsi que d’un suivi de la mise en place de ses aménagements.
Certaines associations sont en charge de ce type d’accompagnement, mais les employeurs restent peu sensibilisés.
Si la Semaine pour l’Emploi des Personnes Handicapées permet notamment aux structures, associations, pouvoirs publiques et médias de mettre en avant l’inclusion professionnelle, c’est au quotidien que les personnes en situation de handicap vivent la précarité, les difficultés et les discriminations.